Filippo Gorini piano

samedi 17 juillet 2021
Ă  11:00
Durée : env. 1h

Maison des Relations Internationales Nelson Mandela
Esplanade Charles de Gaulle

Accès libre avec le passe Festival - Réservation obligatoire


Journée
Viva Italia

JOHANN SEBASTIAN BACH 1685–1750
Concerto italien en fa Majeur BWV 971

LUCIANO BERIO 1925–2003
Sequenza IV

JOHANN SEBASTIAN BACH 1650–1785 / FERRUCCIO BUSONI 1866–1924
Wachet auf, ruft uns die Stimme, prĂ©lude de choral BWV 645
Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ, prĂ©lude de choral BWV 639

LUDWIG VAN BEETHOVEN 1770–1827
Sonate n°32 en ut mineur op. 111

Filippo Gorini piano
Lauréat du Prix Borletti-Buitoni, 2020
1er Prix et le Prix du public au Concours Telekom-Beethoven, Bonn 2015

Mariage italo-allemand…

Un « concerto » pour clavecin solo…
S’il reprend, pour son Concerto dit « Italien » (titre exact : Concerto nach Italienischem Gusto – Concerto dans le goĂ»t italien), l’esprit des concertos d’un Corelli ou d’un Vivaldi, Bach y insuffle un brio et une Ă©criture tourbillonnante qui n’appartient qu’à lui. Mais c’est bien le modèle, venu d’Italie, du « concerto grosso » (dialogue entre un petit groupe de solistes et l’orchestre tout entier) qui prĂ©vaut. Le dĂ©fi consistant ici Ă  adapter cette Ă©criture faite pour l’orchestre au simple clavecin (Ă  deux claviers, l’un permettant de jouer forte, l’autre piano, comme le suggèrent les indications de nuance laissĂ©es par le compositeur dans sa partition). On peut aussi savourer dans cette Ĺ“uvre la façon dont s’harmonisent la tradition germanique (architecture, entrelacement des lignes, sobriĂ©tĂ©) et l’italienne (théâtralitĂ©, ornementation, lyrisme).

Pour célébrer la virtuosité
Iconoclaste, inventeur de sonoritĂ©s, brassant dans sa musique les rĂ©fĂ©rences les plus diverses, Luciano Berio s’est illustrĂ© entre autres par la composition, entre 1958 et 2002, de 14 « Sequenze », pour instrument (ou voix) soliste, dont chacune est Ă©crite Ă  l’intention d’un interprète spĂ©cifique – pour la Sequenza IV (1966) au programme de ce rĂ©cital : la pianiste brĂ©silienne Jocy de Carvalho.

« Parmi les divers Ă©lĂ©ments unificateurs des Sequenze, Ă©crit Berio, le plus Ă©vident, le plus extĂ©rieur, est la virtuositĂ©. J’ai un grand respect pour la virtuositĂ©, qui naĂ®t souvent d’un conflit, d’une tension entre l’idĂ©e musicale et l’instrument. […] Dans mes Sequenze, j’ai essayĂ© de commenter le rapport entre le virtuose et son instrument et explorĂ© certains aspects techniques spĂ©cifiques, pour dĂ©fier l’abord conventionnel de l’instrument. La Sequenza IV pour piano est une sorte de voyage Ă  travers les rĂ©gions inconnues et connues de la couleur et de l’articulation instrumentales. Deux sĂ©quences harmoniques indĂ©pendantes se dĂ©veloppent simultanĂ©ment et parfois s’interpĂ©nètrent : la première, rĂ©elle, confiĂ©e au clavier, et l’autre en un certain sens virtuelle, confiĂ©e Ă  la pĂ©dale sostenuto. Â»

De l’orgue au piano
Ferruccio Busoni, compositeur et pianiste prodige d’origine italo-allemande, laisse une sĂ©rie de transcriptions remarquables d’œuvres de Bach, conçues originellement pour l’orgue : les PrĂ©ludes de choral. Deux contraintes marquent ces transcriptions : la première est le fait qu’une mĂ©lodie de choral en est la source (bien sĂ»r dĂ©jĂ  harmonisĂ©e et travaillĂ©e par Bach pour l’orgue), la deuxième est le fait que l’orgue comprend un pĂ©dalier (une troisième partie, en plus des deux mains du clavier). Pour le transcripteur Busoni, il s’agit donc d’imaginer une Ă©criture pianistique Ă  la fois dense et « efficace », permettant de rassembler la ligne mĂ©lodique du choral, la polyphonie Ă  trois voix imaginĂ©e par Bach pour l’orgue, et d’en faire une Ĺ“uvre qui sonne au piano de façon convaincante.

Hommage vibrant d’un musicien du dĂ©but du 20e siècle Ă  une grande figure du baroque et d’un pianiste virtuose Ă  un organiste flamboyant, l’ensemble des chorals de Bach transcrits par Busoni reprĂ©sente un monument du rĂ©pertoire de piano.

L’invention beethovénienne
Les trois dernières sonates pour piano (d’un ensemble qui en comporte 32) de Beethoven (opus 109 Ă  111) apparaissent comme des sommets de profondeur expressive, de libertĂ© formelle et de difficultĂ© d’interprĂ©tation. Entre autres Ă  cause de sa forme peu acadĂ©mique en deux mouvements, la toute dernière, la Sonate n° 32 op. 111 a donnĂ© lieu chez les successeurs de Beethoven Ă  toutes sortes de commentaires plus ou moins fantasques — du lyrisme d’un Wagner aux variations philosophico-mystiques du chef d’orchestre Hans von BĂĽlow (« A la souffrance et Ă  la douleur qui assaillent les ĂŞtres engagĂ©s dans la roue des mĂ©tamorphoses, succède dans la seconde partie de la sonate le sentiment du Nirvâna qui est la dilution dans le non-ĂŞtre Â»â€¦

Après une introduction grave et hiĂ©ratique, le premier mouvement (allegro con brio ed appassionato) est un vaste dĂ©ploiement d’esprit contrapunctique (comme ancrĂ© dans le baroque allemand). L’ « arietta » qui suit prĂ©sente un thème plein de lumière et de simplicitĂ©, donnant lieu Ă  une sĂ©rie de variations extrĂŞmement savantes, oĂą Beethoven inscrit des mesures inhabituelles Ă  cette Ă©poque : 9/16 ou encore 12/32, pour intĂ©grer toutes les complexitĂ©s rythmiques qu’il a imaginĂ©es. On songe, en Ă©coutant ce mouvement, aux fascinantes Variations sur un thème de Diabelli du mĂŞme Beethoven, elles aussi Ă©tonnamment inventives et bouleversantes.

Les Artistes

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