Sébastien Brossard


Ensemble Il Caravaggio
Camille Delaforge
direction

mardi 20 juillet 2021
à 21:30
Durée : env. 1h

Collégiale Saint-Pierre
Rue du Docteur Lucante

12€ et 15€

Réservation possible mais non obligatoire
Gratuit pour les moins de 12 ans
https://www.musiqueenchemin.fr

Leçons de Ténèbres

Antienne
Salve Rex
SÉBASTIEN DE BROSSARD 1655–1730
Première Leçon du Mercredi Saint
Troisième Leçon du Mercredi Saint

Antienne
O Domine
SÉBASTIEN DE BROSSARD 1655–1730
Première Leçon du Vendredi Saint
Troisième Leçon du Vendredi Saint

Antienne
Miserere

Ensemble Il Caravaggio
Fernando Escalona contre-ténor
Benoît-Joseph Meier ténor
Christophe Gay taille (ténor)
Guilhem Worms baryton-basse
Ronald Martin Alonso viole de gambe
Benjamin Narvey théorbe
Direction, clavecin et orgue Camille Delaforge

Concert diffusé en différé sur France musique

7 nuits autour des Leçons de Ténèbres françaises, un programme imaginé par Vincent Dumestre

L’expérience très humaine de l’émotion, autant que celle du sacré

Vincent Dumestre, à la direction musicale de deux concerts de Leçons de Ténèbres nous éclaire sur cette programmation : “Venues du Grand Siècle, elles désignent les musiques nocturnes pour la semaine sainte, chants de solitude sur les Lamentations de Jérémie (…)”


Entretien avec Camille Delaforge

Pour aborder les Leçons de Ténèbres de Sébastien de Brossard et sa musique religieuse en général, il me semble très intéressant de lire l’avertissement publié par Ballard, l’éditeur des Élévations et Motets pour voix d’hommes du compositeur que nous allons également présenter dans ce concert : « Comme l’expression en musique des différents textes de ces motets en fait presque toute la beauté et que plusieurs personnes et surtout les âmes religieuses n’entendent point la langue latine et seraient privées du plaisir que leur expression pourrait leur donner, on a jugé à propos de joindre une traduction ». Il y avait donc une volonté que la musique parle à tout un chacun, par son texte, en français ou en latin et que l’on puisse accéder à l’expression du texte. Je pense que la place du sacré, chacun en décide pour soi. Mais ce qui est sûr, c’est que dans ce répertoire religieux, elle est au moins autant dans l’expérience très humaine de l’émotion que dans la liturgie proprement dite.

Est-ce que le fait que Sébastien de Brossard était prêtre caractérise ses Leçons de Ténèbres, différemment des autres compositeurs au programme de ce cycle ?

Non, je ne dirais pas cela. Celles de Charpentier, Couperin, Gouffet, De Lalande, Lambert, Bouzignac sont également très inspirées, expressives, chargées de spiritualité. Ce n’est pas le fait qu’il était prêtre qui est marquant chez Brossard, c’est plutôt sa grande curiosité d’esprit et son immense culture : c’est un homme de savoir, un collectionneur de manuscrits de musiciens européens — de Carissimi, entre autres. C’est aussi un théoricien et un érudit, connu encore aujourd’hui pour son Dictionnaire, le premier dictionnaire de la musique en langue française [Dictionnaire de musique contenant une explication des termes grecs, latins, italiens & françois les plus usitez dans la musique — 1701 ], ouvert au monde et qui crée son Europe, si l’on peut dire.

Lorsque l’on découvre au concert ou au disque ces Leçons de Ténèbres, on se rend compte que la formation instrumentale et vocale en est très réduite : à quelle pratique musicale cela correspond-il ?

Cela correspond à un temps liturgique où l’on ferme les orgues : un temps de « disette », de carême. Il s’agit d’être expressif avec les moyens réduits dont on dispose. Mais cela fait de ces Leçons un objet musical extrêmement recherché, d’ailleurs interprété par les chanteurs les plus célèbres de l’époque, si l’on pense au Leçons de Couperin en particulier. Ce sont des moments très attendus, en vogue, courus. Quant aux Élévations de Brossard que nous avons également mises au programme de notre concert, elles étaient données à l’église où Brossard était maître de chapelle : à Strasbourg et surtout à Meaux, où officiait Bossuet ! On était donc dans le temple de l’éloquence…

Pourquoi avoir émaillé ces Leçons de Brossard d’autres pièces de lui ?

Simplement parce que c’est un compositeur si intéressant dans ses autres œuvres religieuses, de par ses fonctions de prêtre et son éclectisme musical, que c’était l’occasion de le faire découvrir de façon plus complète. Les Élévations pour voix d’hommes de Brossard sont assez exubérantes, avec des vocalises à l’italienne, des pages très dramatiques, de grandes exclamations… C’est donc un pan très théâtral de sa musique sacrée. Et le fait de les présenter en alternance avec les Leçons, qui sont d’un caractère plus intime, permet justement d’accéder aux Leçons par un biais plus théâtral.

A propos d’éloquence justement, est-ce que le cadre des Leçons de Ténèbres était fixé, sur le plan du texte et des formes musicales ?

Oui, strictement fixé : trois Leçons par jour (Leçons du Mercredi (dans la nuit qui précède le Jeudi Saint), du Jeudi, du Vendredi) et une construction très particulière, puisque le texte est toujours introduit par une lettre hébraïque, le plus souvent chantée sur un système de « mélismes » [lignes mélodiques en notes conjointes, chantées sur une seule voyelle], à quoi succède le texte, sous la forme d’un récitatif ou d’un air. C’est donc un déroulé très spécifique, qui s’est légèrement modifié selon les périodes, en France. »

(Propos recueillis par Hélène Pierrakos)

Avec Musique en Chemin

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