Dmitry Shishkin Piano

De même que Chopin et Liszt, les quatre compositeurs russes au programme de ce récital sont ou furent eux-mêmes des pianistes virtuoses. Cela se perçoit très bien dans les œuvres présentées ici. La poésie la plus profonde s’y allie avec un art de l’écriture pianistique à son sommet – entre prouesse technique et déploiement de toutes les composantes musicales les plus subtiles — harmonies en demi-teintes, suggestion de paysages imaginaires ou fantasmagories.

Grand poète du piano, Scriabine, écrit en 1896 sa « Sonate-Fantaisie », d’une écriture comme improvisée dans l’andante, pour proposer dans le presto un extraordinaire moment de pure virtuosité. Avec ses pièces de caractère, ancrées dans le souvenir du monde populaire mais d’un extrême raffinement d’écriture, Nicolaï Medtner, qui vaut d’être mieux connu en France, offre tout un monde fantasque, impressionniste, rêveur. Prokofiev est encore étudiant au Conservatoire de Saint-Pétersbourg lorsqu’il écrit en 1909 (il a 18 ans) les Études op. 2, préfigurant les martèlements, les dissonances et la radicalité de ses œuvres futures. Quant à Ivan Drevalev, pianiste lui-même, il représente dans ce récital la toute nouvelle génération russe d’interprètes-compositeurs et s’inscrit explicitement dans l’héritage de Liszt (auteur de multiples transcriptions et paraphrases d’airs célèbres d’opéras de son temps), en composant à son tour une paraphrase sur la fameuse Campanella de Paganini…