Barry Douglas piano

samedi 16 juillet 2022
à 20:00
Durée : env. 1h15min

Le Corum Opéra Berlioz
Esplanade Charles de Gaulle

30€ / Réduit 15€ / Carré Or 50€

Tarif Réduit :
- demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap.
Gratuit :
- de 30 ans

JOHN FIELD 1782–1837
Nocturne n°10 en mi mineur — 4′
Nocturne n°5 en si bémol Majeur — 6′

SEÁN DOHERTY né en 1987
Clandeboye Overture
Arrangement pour piano solo par le compositeur — 2021
Nouvelle version 2022, Création en France 

FRANZ SCHUBERT 1797–1828
Quatre Impromptus D 935, op. posthume 142 — 36’
N°1 en fa mineur (Allegro moderato)
N°2 en la bémol Majeur (Allegretto)
N°3 en si bémol Majeur « Rosamunde » (Andante)
N°4 en fa mineur (Allegro scherzando)

SERGE PROKOFIEV 1891–1953
Roméo et Juliette, 10 pièces op. 75 — 35’
Danse populaire
Scène
Menuet
Juliette jeune fille
Masques
Montaigus et Capulets
Frère Laurent
Mercutio
Danse de jeunes antillaises
Roméo chez Juliette avant le départ

Barry Douglas, piano

Concert diffusé en direct sur France Musique

Médaille d’or du Concours Tchaïkovski 1986, le légendaire pianiste britannique Barry Douglas propose un récital aussi émouvant que théâtral, où l’amour contrarié de Roméo et Juliette (mis en musique par Sergueï Prokofiev) répond au clair-obscur des derniers Impromptus de Franz Schubert.

En 1934, peu après la création de l’opéra de Dimitri Chostakovitch Lady Macbeth du district de Mtsensk, une autre tragédie shakespearienne s’apprête à être adaptée sur les scènes musicales russes : le dramaturge Adrian Piotrovski propose à Sergueï Prokofiev de faire de Roméo et Juliette l’argument de son prochain ballet. « Il serait impossible d’en trouver un meilleur ! », s’exclame le compositeur. Pianiste virtuose, Prokofiev se met aussitôt à son instrument pour commencer à élaborer son œuvre, adoptant un style néo-classique enlevé et riche en harmonies colorées. Les Grandes Purges retardant le projet, Prokofiev se contente tout d’abord de publier des suites instrumentales juxtaposant diverses scènes du ballet. C’est ainsi qu’en 1937, il crée lui-même au piano dix pièces issues de son Roméo et Juliette.

Ces pièces commencent par planter le décor de la ville de Vérone, entre danses populaires (1) et scènes de rue (2). L’entrée au bal des Capulet, où est joué un menuet noble voire pompeux (3), marque le véritable début de la tragédie. Roméo et Mercutio Montaigu s’introduisent furtivement parmi les invités de leurs rivaux (5). Juliette, qui jusqu’à présent se préparait joyeusement dans sa chambre (4), se joint à la foule et rencontre Roméo : c’est la danse sensuelle et farouche des Montaigu et des Capulet (6). S’ensuivent deux portraits opposés, celui de Frère Laurent qui cherche à pacifier les familles ennemies en favorisant l’union des amoureux (7), et celui de Mercutio où la musique précipitée, déséquilibrée par les contretemps (8), montre le risque d’un conflit imminent. La Danse des jeunes filles au lys (9), venues réveiller Juliette le matin de son mariage prévu avec Paris, est plus inquiète que festive. Un autre lever du jour conclut l’ouvrage : Roméo et Juliette, qui viennent de passer la nuit ensemble, doivent se quitter (10). La suite s’éteint dans une mélopée tendre et nostalgique qui semble, à l’image de l’amour qui unit les deux héros, ne jamais finir.

Avant ce véritable ballet sans images, deux courtes pièces de John Field font office de romances sans paroles. Ce compositeur irlandais est resté célèbre en tant qu’inventeur du « nocturne », genre pianistique popularisé plus tard par Frédéric Chopin. Les lignes mélodiques chantantes de ces deux perles semblent inviter à la méditation, comme pour annoncer les tourments intérieurs de Roméo et Juliette. Le récital se sera ouvert dans un esprit également théâtral : arrangée pour piano seul par le compositeur, la Clandeboye Overture du jeune Dublinois Seán Doherty avait été initialement pensée pour ouvrir un concert de gala du Clandeboye Festival, institution dirigée par Barry Douglas.

 

Au cœur de son récital, le pianiste s’éloigne de ce programme anglo-irlandais pour visiter un compositeur qui lui est cher : Franz Schubert. Les quatre Impromptus D. 935 du maître viennois interrogent encore aujourd’hui : faut-il y voir une sonate déguisée, comme le pensait Robert Schumann ? Nul ne sait. Ce qui est certain, c’est que Schubert s’y montre un fantastique poète du piano, capable d’exposer des thèmes de caractères variés et de les diriger vers des destins inattendus, usant de changements d’éclairage saisissants. Le théâtre, là encore, n’est pas loin. Le troisième Impromptu cite d’ailleurs une musique de scène prévue pour accompagner le drame Rosamunde, princesse de Chypre ; l’héroïne survivra-t-elle aux tentatives d’assassinat du traître Fulvio ? Schubert introduit une tension dramatique toute shakespearienne dans ce thème auquel il donne mille et une teintes.

Tristan Labouret

Les Artistes

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