ALAIN PLANÈS, piano
JUSTIN TAYLOR, clavecin
- Le Corum, Salle Pasteur
- Montpellier
HORIZONS ESPAGNOLS
ENRIQUE GRANADOS* — 1867–1916
Danses espagnoles op.37
Galante – Oriental – Valenciana
Villanesca – Andaluza – Melanconia
PADRE ANTONIO SOLER** — 1729–1783
Sonate n°25 en si mineur et Sonate n° 90 en fa dièse Majeur’
DOMENICO SCARLATTI** — 1685–1757
Sonates en si bémol mineur K27, en ré mineur K 32, en ré mineur K18, en la Majeur K208, en fa mineur K239 , en fa mineur K 51
FEDERICO MOMPOU* — 1685–1757
Quatre Canción y Danza
MANUEL DE FALLA* ** — 1876–1946
La Vida breve, extrait
Arrangement pour piano à 4 mains de Gustave Samazeuilh
*Alain Planès, piano
**Justin Taylor, clavecin
La musique espagnole fut glorieuse dès l’époque baroque. Justin Taylor et Alain Planès, tour à tour, illustrent pour nous ce que lui doivent le XVIIIe et le début du XXe siècle.
La musique espagnole connut une époque bénie à la bascule du XIXe et du XXe siècle, avec des compositeurs qui ont pour nom Albeniz, Granados, Falla, Turina, plus tard Mompou et Rodrigo. Paris fut pour eux un passage obligé, et l’amitié que leur portèrent des compositeurs comme Debussy et Ravel trouve en retour sa traduction dans l’inspiration espagnole de plusieurs œuvres des compositeurs français.
Mais l’Espagne connut aussi un XVIIIe siècle éblouissant, et le pianiste Alain Planès et le claveciniste Justin Taylor se proposent d’entrecroiser ces deux époques fécondes.
Alain Planès fera revivre la toute fin du XIXe siècle avec six pièces du cycle des Danses espagnoles de Granados, composées de 1892 à 1900, avec également quatre pages crépitantes extraites du recueil de Chants et danses de Mompou (Canciones y Danzasou, en catalan : Cançons i danses), vaste cycle qui embrasse quarante ans de la vie du musicien (de 1921 à 1962).
Granados et Mompou seront ici associés par Justin Taylor à deux figures du XVIIIe siècle. Né à Naples (la même année que Bach et Haendel), Domenico Scarlatti dut d’abord se défaire de l’ombre de son père Alessandro, compositeur d’opéras ; il parcourut l’Italie avant de s’installer au Portugal puis de se fixer en Espagne, où il vécut trente ans de sa vie. On lui doit 550 sonates pour clavecin, pièces en un seul mouvement qui ont peu à voir avec le modèle qui fut fixé par Haydn et Beethoven.
Le Padre Antonio Soler (qu’on ne confondra pas avec Vicente Martín y Soler, 1754–1806) fut le disciple de Domenico Scarlatti et l’accompagna lors des villégiatures automnales du roi Charles III, qui se rendait dans son château de l’Escurial en compagnie de la cour. Cette pratique le contraignit de quitter régulièrement son couvent (il avait été ordonné prêtre en 1752), mais lui permit d’écrire environ 200 sonates, de profils plus variés que celles de son modèle.
Pouvait-on demander à un autre musicien que Falla le soin de faire jouer ensemble, à la fin, nos deux interprètes ? La version définitive de sa Vida breve fut achevée en 1908. Nous en entendrons ici une page arrangée pour quatre mains par son contemporain Gustave Samazeuilh (1877–1967).