ALEXANDRE KANTOROW, piano LA FANTAISIE DU VOYAGEUR
- Le Corum, Salle Pasteur
- Montpellier
JOHANNES BRAHMS - 1833–1897 Sonate n°1 en ut Majeur op. 1 30’ Allegro Andante Scherzo. Allegro molto e con fuoco Finale. Allegro con fuoco FRANZ SCHUBERT — 1797–1828 / FRANZ LISZT - 1811–1886 Der Wanderer 7’30 Der Müller und der Bach 5’15 Frühlingsglaube Schube 3’40 Die Stadt, extrait du Chant du cygne 3′ Am Meer, extrait du Chant du cygne 3’50 FRANZ SCHUBERT - 1797–1828 Fantaisie en ut Majeur op. 15, D 760 “Wanderer-Fantasie” 22’ Allegro con fuoco ma non troppo Adagio Presto Allegro
Sur le thème du voyage et de l’errance, au cœur de la sensibilité romantique allemande, Alexandre Kantorow a imaginé un programme qui se promène en terre de joie et de mélancolie.
Brahms écrivit trois quatuors à cordes et trois sonates pour piano, six partitions conçues dans la descendance de Beethoven. Mais autant il éprouva des difficultés à se couler dans la première de ces deux formes, autant il écrivit avec fougue, de 1851 à 1853, ses trois sonates (opus 1, 2 et 5). La Première commence par un mouvement de forme-sonate où il est possible d’entendre, dès les premières notes, un écho de la Wanderer-Fantasie de Schubert. Brahms précise, quant au deuxième mouvement, qu’il est inspiré d’une vieille chanson populaire allemande (Verstohlen geht der Mond auf, « Furtivement la lune se lève »), cependant que le scherzo et le finale montrent combien le jeune musicien de vingt ans a déjà fait siens les canons de la sonate tels qu’ils furent fixés à la bascule du XVIIIee et du XIXee siècle. On a cité la Wanderer-Fantasie : c’est que la poésie romantique allemande, et l’ensemble de la musique germanique, jusqu’à Mahler, sont pleines de ces mots – Wanderer, Fahrender, Reisender – qui chantent le bonheur du voyage mais aussi l’angoisse liée à cette errance qui aboutit à la mort. Ce sentiment fait tout le sel d’une grande partie de la musique de Schubert : de ses lieder bien sûr, dont on entendra ici quelques-uns des plus beaux, transcrits pour piano seul par Liszt en 1838 ; mais aussi de ses grandes œuvres pour piano, dont cette Fantaisie du voyageur qui nous promène d’une humeur à l’autre au gré des aventures croisées par le musicien au fil du chemin. La Wanderer-Fantaisie, qui emprunte son thème principal au lied Der Wanderer composé par Schubert en 1816 (il fait partie de ceux transcrits par Liszt), est l’œuvre de tous les sentiments mêlés. Elle commence d’une manière qu’on jugera soit martiale, soit allègre, et s’abîme peu à peu dans le chant le plus dépouillé, lequel va faire l’objet de variations de plus en plus virtuoses. Si l’on tient à voir, dans les différents épisodes, des mouvements de sonate enchaînés, on trouvera ensuite un scherzo puis un finale en forme de fugue. La Wanderer-Fantaisie a tout d’un vaste poème dans lequel, étonnamment, la fantaisie du voyageur n’est qu’épisodiquement nostalgique.