CONCERTO POUR VIOLON DE TCHAÏKOVSKI — PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE / OFJ / KAVAKOS
- Le Corum, Opéra Berlioz
- Montpellier
LERA AUERBACH née en 1973
Dreams and Whispers of Poseidon pour orchestre 16′
(Création en France)
PIOTR ILYICH TCHAIKOVSKI 1840–1893
Concerto pour violon et orchestre en ré Majeur op. 35 33′
Allegro moderato
Canzonetta. Andante
Finale. Allegro vivassicimo
Entracte
MAURICE RAVEL 1875–1937
Shéhérazade, ouverture de féerie 13″
RICHARD STRAUSS 1864–1949
Till Eulenspiegel, poème symphonique op. 28 16′
Leonidas Kavakos, violon
Leonidas Kavakos apparaît avec l’aimable autorisation de Sony Classical, un label de Sony Music Entertainment.
Académie d'Orchestre
Orchestre Philharmonique de Radio France
Orchestre français des Jeunes
Mikko Franck, direction
Un concerto illustre, une page méconnue du grand Ravel, un poème symphonique scintillant, l’œuvre d’une compositrice également poète : qui dit mieux ?
Quarante-cinq membres de l’Orchestre Philharmonique de Radio France ont parrainé une quarantaine d’instrumentistes de l’Orchestre français des jeunes, dans le cadre du festival, séances de travail qui aboutissent au concert donné ce soir. L’Orchestre Philharmonique, au cours des saisons précédentes, a pratiqué à bien des reprises cette féconde expérience de l’académie d’orchestre avec de jeunes musiciens du Conservatoire de Paris ; il connaît le sens du mot pédagogie.
Comme il s’agit de jeunes interprètes, c’est très logiquement une œuvre créée par l’American Youth Symphony Orchestra (en 2005, sous la direction d’Alexander Treger) qui ouvre ce concert. Elle est dédiée par Lera Auerbach, poète et compositrice russe, aux victimes englouties par les eaux lors du tsunami survenu au Japon en 2004. Les rêves et les chuchotements de Poséidon, dont il est ici question, parcourent la musique.
On changera du tout au tout en compagnie du Concerto de Tchaïkovski. Avec son irrésistible effusion et son finale enflammé, cette œuvre fait partie des pages les plus célèbres du répertoire pour violon. Elle est emmenée ici par Leonidas Kavakos, familier de l’Orchestre Philharmonique de Radio France.
Suivra « l’autre » Shéhérazade de Ravel, non pas le cycle de mélodies mais une « ouverture de féerie » qui devait servir d’introduction à un opéra. Cette page symphonique fut jouée une seule fois, en 1899, et redécouverte au siècle suivant. L’opéra, lui, ne vit pas jour, mais les sortilèges de l’ouverture nous font imaginer l’atmosphère qui aurait été la sienne.
Quant au poème symphonique Till l’espiègle, il met en musique les plaisanteries d’un jeune paysan du XIVee siècle mort de la peste mais que la tradition populaire condamne au gibet. Le compositeur a noté une vingtaine de motifs qui constituent autant de repères : « Il était une fois un bouffon polisson nommé Till l’espiègle. C’était un gnome malicieux toujours à l’affût d’aventures nouvelles », etc. Strauss utilise ici la forme du rondeau, qui alterne couplets et refrains. La vivacité du propos, l’enchaînement des situations, l’orchestration virtuose font merveille.
Questions à Mikko Franck, Directeur musical l'Orchestre Philharmonique de Radio France
Comment concevez-vous la rencontre entre l’Orchestre français des jeunes et l’Orchestre Philharmonique de Radio France ?
L’Orchestre Philharmonique de Radio France possède une longue tradition de travail avec les jeunes. C'est le cas, par exemple, de notre académie de cordes annuelle, en lien avec le CNSMDP. Par ailleurs, chaque saison, deux jeunes chefs d'orchestre travaillent avec nous en tant que chefs assistants. Je pense aussi à notre vaste offre de concerts spécialement conçus pour le jeune public. C'est notre façon de nous engager. Et, ainsi, d’assurer la continuité des arts et de la musique classique, en accueillant de nouveaux professionnels et de nouveaux publics : des personnes qui peuvent apprendre à apprécier la musique classique et partager le même amour que nous pour notre musique. Cet été, nous sommes rejoints à Montpellier par environ 30 jeunes musiciens de l'Orchestre français des jeunes, qui auront l'occasion de jouer aux côtés des professionnels de notre orchestre. L'une des plus belles choses, en musique, est la transmission de l'expérience et du savoir, d'une génération à l'autre. Nous avons tous appris de nos professeurs et de nos collègues. Et il est merveilleux que nous puissions maintenant transmettre notre expérience à la jeune génération. Je suis sûr que l'énergie particulière de ces jeunes musiciens contribuera grandement à notre performance commune.
Quels principaux conseils donnez-vous à de jeunes musiciens qui veulent entrer dans un orchestre ?
Notre métier est axé sur la communication : la communication entre musiciens sur scène et la communication entre musiciens et public. Certes, il faut travailler dur pour devenir musicien professionnel, et nous visons tous la perfection. Pourtant, plus que la performance technique, c'est la musique génératrice d’émotions qui prime sur le reste. Nous ne devrions pas avoir peur de jouer des fausses notes, car cela arrive toujours et fait inévitablement partie du processus d'apprentissage : la seule chose qui importe est la confiance dans le pouvoir de la musique.
Les Grands Entretiens de Mikko Franck sur France Musique par Christian Merlin.
