RÉCITAL
FAZIL SAY
- Le Corum, Opéra Berlioz
- Montpellier
JOHANN SEBASTIAN BACH 1685–1750 / FERRUCCIO BUSONI 1866–1924
Chaconne en ré mineur BWV 1004 16′
LUDWIG VAN BEETHOVEN 1770–1827
Sonate pour piano n°17 en ré mineur opus 31 n°2 « La Tempête » 20’
Largo – Allegro
Adagio
Allegretto
Entracte
JOSEPH HAYDN 1732–1809
Sonate pour piano en ut majeur Hob XVI-35 12′
Allegro con brio
Adagio
Finale. Allegro
FAZIL SAY né en 1970
Trois Ballades : Nazim – Kumru – Sevenlere air 10’
Alla Turca Jazz 3’
Black Earth (Kara Topak) 7’
Paganini Jazz 5’
Ses, ballade opus 40b 4’
Summertime variations 6’
Fazil Say, piano
Interprète et compositeur, le pianiste Fazil Say est l’homme de toutes les libertés. Nourri de jazz, il joue Bach et Beethoven avec une fantaisie qui n’appartient qu’à lui.
Le public de Montpellier connaît bien Fazil Say, qui s’est produit pour la première fois en France, en 1995, dans le cadre du festival, où il a été par la suite invité à plusieurs reprises. Né en 1970 à Ankara où il a effectué ses études de piano et de composition, Fazil Say a étoffé sa formation en Allemagne. Sa connaissance de la poésie turque, sa curiosité, ses choix musicaux partagés entre l’Orient et l’Occident, le poussent également vers le jazz, qu’il pratique à la fois en tant qu’interprète et compositeur. Il nous offre ici un programme qui lui ressemble : la prodigieuse Chaconne de Bach, d’abord (mais dans la transcription de Busoni), nous rappelle combien le grand Jean-Sébastien est, au choix, le Platon ou le Léonard de Vinci de la musique, celui qui a proposé des formes, les- quelles ont permis aux deux siècles de musique qui l’ont suivi de mélanger la rigueur et la liberté.
La rigueur, il faut aller la chercher du côté de Haydn, qui a fixé les codes du genre classique mais s’est toujours gardé, dans ses symphonies comme ses sonates, d’en être le domestique zélé. Et c’est peut- être lui qui a donné à Beethoven ce goût rageur de la liberté qui, dans nombre de ses partitions, peut se traduire par la volonté. Volonté, notamment, de mettre la forme au service de l’expression.
L’alternance du Largo et de l’Allegro dans le premier mouvement de la Sonate opus 31 no 2 exprime quelque chose comme un désarroi, que ne corrigeront pas les deux mouvements suivants. Précisons que le sous-titre «La Tempête» n’est pas dû au compositeur, qui avait simplement indiqué, dans une boutade, à ceux qui voulaient comprendre sa partition: «Relisez La Tempête de Shakespeare. » Pour finir, Fazil Say nous fera la surprise de quelques-unes de ses compositions. «J’utilise tous les langages à ma disposition explique-t-il, musique tonale, jazz, musique turque, écriture dodécaphonique, mais je me refuse à tomber dans un système. Je fais partie de ces artistes qui ont vu combien une certaine musique contemporaine a pu se séparer du public après la Seconde Guerre mondiale. Ou plutôt, j’arrive à un moment où cette séparation est derrière nous, où il nous faut prendre la mesure de l’héritage immense qui nous est légué. Et pour moi qui ai un pied dans chacune des deux cultures, cet héritage est d’autant plus vaste. »