LES NUITS D’ÉTÉ
- Le Corum, Opéra Berlioz
- Montpellier
CHRISTIAN FREDERIK EMIL HORNEMAN - 1840–1906
Aladdin, ouverture de concert 10′
HECTOR BERLIOZ - 1803–1869
Les Nuits d’été pour mezzo-soprano et orchestre – 31’
Poèmes de Théophile Gautier
Villanelle
Le Spectre de la rose
Sur les lagunes
Absence
Au Cimetière
L’île inconnue
Entracte
ARNOLD SCHÖNBERG — 1874–1951
Pelléas et Mélisande, poème symphonique op.5 40’
Karine Deshayes, mezzo-soprano
Orchestre national de Montpellier
Michael Schønwandt, direction
Dans la touffeur des nuits d’été chantées par Karine Deshayes, Michael Schønwandt fait jaillir Pelléas et Mélisande de la lampe merveilleuse d’Aladin.
Avec Les Nuits d’été, composées pour voix et piano en 1840 sur des poèmes de Théophile Gautier, Berlioz sort la mélodie française du cadre de la romance. En les orchestrant de 1843 à 1856, il invente le genre de la mélodie avec orchestre. Le raffinement des couleurs instrumentales magnifie l’enchantement des atmosphères dans lesquelles baignent les six pièces : rêve ensommeillé puis exalté dans Le Spectre de la rose, amertume dans Sur les lagunes, poésie des tombeaux dans Au cimetière, ironie désenchantée dans L’Île inconnue…
Le titre de l’ouvrage reste cependant une énigme. Hommage au Songe d’une nuit d’été du bien-aimé Shakespeare ? Réminiscence des Nuits d’été à Pausilippe de Donizetti ?
C’est d’amour et de mort que nous parle également le premier Schönberg (celui qui est encore l’héritier de Brahms et de Mahler) dans Pelléas et Mélisande, qui à la même époque a inspiré à Debussy l’opéra que l’on sait. Et c’est sur le conseil de Richard Strauss que Schönberg s’est décidé à traiter pareil sujet sous la forme d’un poème symphonique pour très grand orchestre qui, créé le 26 janvier 1905 à Vienne sous la direction de Schönberg lui-même, emporte par son élan exacerbé. Berg y voit, à travers l’entrelacs d’une vingtaine de thèmes, les quatre mouvements d’une symphonie qui n’oserait s’avouer comme telle : la rencontre de Golaud et Mélisande, puis celle de Mélisande et Pelléas (forme sonate) ; la fontaine, la tour, la jalousie de Golaud et les souterrains (scherzo) ; les amours et les adieux de Pelléas et Mélisande (adagio) ; la mort de Mélisande (finale).
Pour préluder à ces deux sommets de lyrisme, ce concert nous emmène à la découverte de C. F. E. Horneman, né et mort à Copenhague, par ailleurs ami et contemporain de Grieg. Son compatriote Carl Nielsen a pu dire de lui qu’il était « le feu qui brûle tout ce qui est faux et le détruit ».
Enhardi par le succès que remporta son ouverture Aladdin, en 1866, Horneman entreprit la composition d’un opéra qui ne fut créé que vingt-deux ans plus tard. On pourra s’amuser à chercher les influences de Schumann et de Mendelssohn dans cette brillante page orchestrale.
« Karine Deshayes, mezzo-soprano » dans Arabesques sur France Musique par François-Xavier Szymczak.