STRAVINSKY,
L’oiseau de feu
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE

mercredi 26 juillet 2023
à 20:00
de 8 à 50€
Edgar Moreau © Musacchio & Iannello

EDWARD ELGAR 1857–1934
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur op. 85 — 35’
Adagio – Moderato
Lento – Allegro molto
Adagio
Allegro – Moderato – Allegro ma non troppo – Poco più lento

Entracte

OLIVIER MESSIAEN 1908–1992
Les Offrandes oubliées — 13′

IGOR STRAVINSKY 1882–1971
L’Oiseau de feu, suite 1919 — 23′ 

Concert diffusé en direct sur France Musique et UER

Deux grandes pages symphoniques du XXe siècle encadrent l’œuvre la plus célèbre d’Edward Elgar, jouée ici par le jeune et très prometteur Edgar Moreau.

En 1919 était créé à Londres le Concerto pour violoncelle d’Edward Elgar, composé dans un cottage du Sussex par un musicien hanté par les bruits de la guerre qui venait de s’achever. Ce concerto est une œuvre concise, dont les différents mouvements s’enchaînent sans interruption. Le premier, méditatif et lyrique, s’achève de manière abrupte, puis vient un Adagio qui renoue avec l’atmosphère pensive. Le finale est une espèce de rondo dont la véhémence n’a rien de joyeux.
Toute la partition baigne dans une espèce de climat tantôt pensif, tantôt âpre et tendu.

Ce concerto est précédé ici par un bref triptyque créé le 19 février 1931 au Théâtre des Champs-Élysées sous la direction de Walter Straram. Ces Offrandes oubliées, œuvre d’un compositeur de vingt-deux ans qui signait là sa première composition symphonique, évoquent « l’oubli de l’homme devant le sacrifice du Christ ». Elles sont déjà riches de cette inspiration religieuse, de cette sensualité et de cette attirance pour les correspondances qui font tout l’art de Messiaen.
Une « plainte des cordes », une « course à l’abîme » et une « phrase longe et lente des violons (…) comme un lointain vitrail » s’enchaînent dans un souci d’équilibre qui n’exclut pas le mouvement dramatique.

Quant à L’Oiseau de feu, c’est le résultat de la première commande que fit Diaghilev à Stravinsky pour les Ballets russes. Le succès remporté par l’œuvre, dès sa création en 1910, détermina la suite de leur collaboration. L’argument est inspiré d’un conte oriental tout de féerie et de férocité, qui permet à la musique de rutiler. On a souvent dit que L’Oiseau de feu se souvenait des leçons de Rimski-Korsakov. Stravinsky en effet avait remarqué l’effet produit par les glissandos de trombone (ceux de l’épisode du roi Katschei) dans Mlada de son maître, mais qu’on trouve également dans le poème symphonique Pelléas et Mélisande de Schönberg.
L’Oiseau de feu est aussi une œuvre de concert. Du ballet original, Stravinsky fit trois suites d’orchestre (en 1911, 1919 et 1945), d’une instrumentation revue dans le sens de la sobriété pour les deux dernières d’entre elles. C’est celle de 1919 que nous écouterons ce soir.

Questions à Cristian Măcelaru, Directeur musical de l'Orchestre National de France

En quoi l’expérience des tournées enrichit-il l’Orchestre National de France ?

C'est un aspect très important, dans la vie d'un orchestre, de partir en tournée – nationale ou internationale. Cette exposition artistique permet à nos musiciens de penser et d’écouter différemment. Être en mesure de se produire dans différentes salles approfondit notre relation et notre manière de jouer ensemble. Il se dégage aussi une certaine fierté de présenter le fruit de notre travail à l’extérieur, puis, lorsque nous jouons de nouveau à l’Auditorium de Radio France, de revenir changé par cette expérience. Enfin, au niveau national, il est important de remplir notre mission d’ambassadeurs de la musique et de la culture française. C'est pourquoi nous nous efforçons de toujours aller à la rencontre de nos auditeurs dans les plus grandes régions de France, grâce à l’aventure du Grand Tour.

Qu’attendez-vous en particulier de ce nouveau rendez-vous au festival de Montpellier ?

C’est un lieu très important pour nous, qui nous permet de présenter un répertoire varié, tout en s’accordant à la force thématique de ce festival, à savoir la jeunesse. C’est aussi une joie de faire rayonner la musique dans la ville de Montpellier et la région. J’espère que le public en sortira stimulé, avec l’envie de revenir d’année en année, de façon à nouer une vraie fidélité avec la ville de Montpellier. Enfin, quoi de plus important qu’inciter le public à écouter avec de nouvelles oreilles et à vivre des expériences différentes ? Messiaen est âgé de 22 ans et Stravinsky 27 lorsqu’ils composent respectivement Les Offrandes oubliées et L’Oiseau de feu que vous dirigerez au festival de Montpellier.

Quels seraient leur point commun, et comment selon vous se caractérise selon vous musicalement la jeunesse dans ces 2 œuvres emblématiques ?

La valeur n’attend pas le nombre des années ! Il est capital de reconnaître très tôt le talent des musiciens et en particulier des compositeurs. Ces derniers ont une énergie tout à fait remarquable. J'ai eu des conversations avec de nombreux compositeurs, et tous m’ont dit, se rappelant le style de leurs débuts, qu’ils avaient eu, durant leur jeunesse, le courage et la liberté de concevoir une musique bien plus créative que celle qu'ils avaient composée par la suite. Aujourd'hui, nous avons le recul nécessaire pour entendre ces compositions flamboyantes de Messiaen et de Stravinsky. Mais n’oublions pas l'impact de ces pages à leur création ! Stravinsky et Messiaen ont tous deux été des pionniers à leur manière, recourant, pour la première fois, à une écriture devenue, depuis, « classique » à nos oreilles. Il est formidable de pouvoir les présenter dans le même contexte que de jeunes compositeurs qui, eux, tentent de s'affirmer.
---
« Edgar Moreau, un talent exceptionnel » par Aurélie Moreau sur France Musique.