HAMLET
Ambroise Thomas
Michael Schønwandt direction
- Montpellier
- - Hérault (34)
Le Corum
Opéra Berlioz
Esplanade Charles de Gaulle
Tarif Réduit :
- demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap.
Gratuit :
- de 30 ans
HAMLET
AMBROISE THOMAS (1811–1896)
Opéra en 5 actes
Création de la 1ère version : Académie Impériale de Musique, Paris, 9 mars 1868
Livret Michel Carré et Jules Barbier
Version concert — Recréation
John Osborn, ténor, Hamlet
Jodie Devos, soprano, Ophélie fille de Polonius
Clémentine Margaine, mezzo-soprano : Gertrude, reine du Danemark et mère d’Hamlet
Julien Véronèse, basse, Claudius, roi du Danemark
Philippe Talbot, ténor : Laërte, fils de Polonius
Geoffroy Buffière, basse : Polonius, grand chambellan
Tomislav Lavoie, basse : Horatio, officier, ami d’Hamlet — 1er Fossoyeur
Rodolphe Briand, ténor : Marcellus, officier, ami d’Hamlet — 2ème Fossoyeur
Jérôme Varnier, basse : Le Spectre du roi défunt
Chœur Opéra National Montpellier Occitanie
Noëlle Gény Chef de chœur
Chœur du Capitole de Toulouse
Gabriel Bourgoin Chef de chœur
Florian Caroubi Chef de chant
Orchestre national Montpellier Occitanie
Michael Schønwandt Direction
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Tea Time — All about Hamlet ! par Coline Infante
Ce vendredi 15 juillet à 17h30 — Maison des Relations Internationales
Entrée Libre dans la limite des places disponibles
De la légende scandinave à un opéra en passant par le théâtre, focus sur un personnage mythique de notre culture à travers des mots, des sons et du rythme !
Hamlet est la pièce la plus célèbre de Shakespeare (“To be or not to be?”), c’est aussi un opéra d’Ambroise Thomas qui a triomphé à l’Opéra Comique cette saison avec le baryton Stéphane Degout dans le rôle titre. Ici, c’est la recréation de la première version avec ténor qui est proposée en version de concert avec John Osborn et une distribution exceptionnelle.
ACTE I
Claudius succède à son frère sur le trône du Danemark et épouse la reine veuve, Gertrude. Hamlet, fils du défunt roi, cherche la consolation auprès d’Ophélie, fille du ministre Polonius et sœur de son ami Laërte. Mais le spectre du feu roi lui apparaît pour lui révéler l’impensable et le charger de le venger…
ACTE II
Hamlet a changé. L’aimante Ophélie s’en émeut ; Gertrude confie ses craintes au nouveau roi. Pour mener l’enquête, le jeune prince doit feindre la folie. Il engage des comédiens à jouer une pièce inspirée par les révélations du Spectre : Le Meurtre de Gonzague fait scandale.
ACTE III
Hamlet entend prier Claudius et comprend que le père d’Ophélie est son complice. Il rompt avec Ophélie puis se dispute avec sa mère, que le Spectre lui demande d’épargner.
ACTE IV
Désespérée, Ophélie bascule dans la folie et se noie.
ACTE V
Au cimetière, Laërte apprend à Hamlet la mort d’Ophélie, dont arrive le cortège funèbre. Poussé par le Spectre, Hamlet tue Claudius. Il est aussitôt proclamé roi.
Ambroise Thomas est l’un des plus importants compositeurs du Second Empire. Membre de l’Académie des beaux-arts et directeur du Conservatoire, il remporta à deux ans d’intervalle d’énormes succès avec deux partitions ambitieuses : Mignon d’après Goethe en 1866 à l’Opéra-Comique, Hamlet d’après Shakespeare en 1868 à l’Opéra.
Si leur faveur publique s’est tarie au XXe siècle, le second revient en force depuis quelques années, plébiscité par les barytons pour son extraordinaire rôle-titre. Or celui-ci fut d’abord conçu pour un ténor, et c’est cette version inédite que révèle en 2022 le Festival Radio-France Occitanie Montpellier.
Au XIXe siècle, la littérature permettait à l’art lyrique de se renouveler, inspirant des partitions d’autant plus audacieuses que les sujets étaient connus du public. Certes, les drames de Shakespeare sentaient le souffre avec leurs figures de souverains violents, grotesques ou illégitimes. Mais depuis le triomphe parisien de l’Otello de Rossini en 1821, on savait dissoudre dans les conventions lyriques tout ce qu’avait de choquant ce théâtre « barbare » - comme l’avait qualifié Voltaire.
Traduit en élégants alexandrins, Hamlet était entré à la Comédie-Française en 1769. De 1803 à 1826, il y avait brûlé les planches sous les traits de Talma, dont le talent savait suggérer la présence du Spectre, qu’on répugnait alors à mettre en scène. En 1827, une troupe anglaise vint donner plusieurs Shakespeare à l’Odéon. La génération des Hugo et Delacroix fut subjuguée. « Son éclair, en m’ouvrant le ciel de l’art avec un fracas sublime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs » raconta Berlioz… qui épousa l’interprète d’Ophélie.
Prenant Hamlet pour emblème du drame nouveau, les romantiques le revisitèrent à leur tour. Alexandre Dumas et Paul Meurice proposèrent ainsi un Hamlet, prince de Danemark en 1847 au Théâtre-Historique. Ambroise Thomas avait composé les musiques de scène. Le jeu de Rouvière, qui chavira Baudelaire, imprima sa marque sur le rôle-titre.
Sous le Second Empire, Shakespeare allait atteindre un plus large public. Tandis qu’à Guernesey, François-Victor Hugo, fils du poète, traduisait intégralement son théâtre, les opéras fleurissaient à Paris : Béatrice et Bénédict de Berlioz, Le Saphir de Félicien David, Macbeth de Verdi, Roméo et Juliette de Gounod… Thomas décida alors de revenir à Hamlet avec d’excellents adaptateurs, Jules Barbier et Michel Carré.
Son opéra était destiné au Théâtre-Lyrique, mais l’Opéra ne pouvait laisser passer un tel projet et mit en avant l’excellence de ses interprètes. Le ténor idéal restant introuvable pour incarner Hamlet, le fameux baryton Jean-Baptiste Faure fut plébiscité, apportant noblesse et mélancolie au personnage. Une toute nouvelle soprano, Christine Nilsson, offrit à Ophélie sa couleur scandinave, et à la partition une authentique chanson suédoise, la ballade de la Willis. Son charisme vocal permit de redimensionner le rôle et de hausser sa scène de folie au niveau de celle de Lucia di Lammermoor (1835). L’Opéra disposait aussi de l’orchestre le plus riche d’Europe en timbres et en talents, d’un chœur dirigé par Victor Massé, d’un ballet ordonné par Marius Petipa, de talentueux peintres de décors.
Découpé en cinq actes et sept tableaux, Hamlet est un opéra en perpétuelle tension : le collectif menace l’intime, le politique meurtrit la sensibilité, le mensonge étouffe la vérité, la folie guette la raison, la mort traque les vivants. Thomas affronta toutes les situations avec génie : les incursions du Spectre – chantant recto tono -, la tirade « Être ou ne pas être » - magnifique méditation –, la scène de théâtre dans le théâtre, lorsqu’Hamlet produit devant la cour Le Meurtre de Gonzague pour révéler le régicide – première apparition du tout nouveau saxophone. Habile concession à la censure, le dénouement privilégie à l’hécatombe shakespearienne la continuité dynastique : c’est dévasté qu’Hamlet accède au trône paternel.
Le 9 mars 1868, l’œuvre remporta un triomphe. Elle valut à Thomas d’être le premier musicien élevé à la dignité de commandeur de la Légion d’honneur. Créée à Londres dès 1869 (avec un dénouement plus shakespearien), elle fut vite donnée dans les principaux opéras d’Europe et des Amériques.
Hamlet quitta cependant l’affiche de l’Opéra en 1938, après seulement 367 représentations. C’est que Thomas avait souffert, au siècle romantique, d’une carrière trop tôt officielle. Comment cet homme de goût, scrupuleux à l’égard du public, des institutions et des chanteurs, pouvait-il comprendre Shakespeare, lui qui ne laissait rien au hasard ? Parce qu’ils paraissaient trop beaux pour être sincères, ses ouvrages inspirèrent à Chabrier une formule injuste qui lui fit beaucoup de mal : « Il y a trois sortes de musique : la bonne, la mauvaise et celle d’Ambroise Thomas. » Retenons plutôt que son aîné Berlioz saluait Thomas comme un maître, et admirait sa faculté, assurément unique, d’allier le tact, la grâce et le feu !
Agnès Terrier
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