The King’s Singers

De Tallis aux Beatles

mercredi 20 juillet 2022
à 19:00

Église abbatiale de Saint-Gilles du Gard


place de la République

Gratuit

Informations : 04 34 39 58 10

www.saint-gilles.fr


BOB CHILCOTT
né en 1955
Days, extrait de Even such is time

WILLIAM BYRD ca. 1540–1623
Praise the Lord, all ye gentiles

THOMAS TALLIS 1502–1585
God grant with grace

WILLIAM BYRD ca. 1540–1623
Vigilate

JAMES MACMILLAN né en 1959
O, chì mì na mòrbheanna

RALPH VAUGHAN WILLIAMS 1872–1958
Over hill, over dale
Bushes and briars

CHARLES VILLIERS STANFORD 1852–1924
Quick ! We have but a second

TRADITIONNEL/ Arrangement DAVID OVERTON né en 1943
Loch Lomond

TRADITIONNEL / Arrangement GOFF RICHARDS 1944–2011
Dance to thy daddy

TRADITIONNEL / Arrangement PETER KNIGHT 1914–1985
Danny Boy

TRADITIONNEL / Arrangement BILL IVES né en 1948
Migildi magildi

PAUL PATTERSON né en 1947
Time Plece

Entracte

JOBY TALBOT né en 1971
The wishing tree

PAUL DRAYTON né en 1944
Masterpiece

SONGS IN CLOSE-HARMONY

QUEEN / Arrangement NICK ASHBY
Good old-fashioned lover boy

LAURA MVULA / Arrangement ERIC WHITACRE/CHRISTOPHER BRUERTON
Father Father

BETH ORTON / Arrangement CHRISTOPHER BRUERTON
Call me the breeze

THE BEATLES / Arrangement BOB CHILCOTT
Yesterday

ELTON JOHN / Arrangement ANDREW JACKMAN
Crocodile Rock

The King’s Singers

Patrick Dunachie contre-ténor
Edward Button contre-ténor
Julian Gregory ténor
Christopher Bruerton baryton
Nick Ashby baryton
Jonathan Howard basse

Le célèbre ensemble vocal The King’s Singers fait son retour avec un programme fidèle à son histoire, allant des compositions sacrées du XVIe siècle jusqu’aux créations inventives et amusantes qui lui ont été dédiées, en passant par un florilège de folksongs emblématiques des îles britanniques.

En conclusion de la soirée, le génial Masterpiece de Paul Drayton résume très bien le programme du concert des King’s Singers. Le titre modeste (littéralement : « chef‑d’œuvre ») illustre ses ambitions non moins modestes : parcourir quatre siècles d’histoire de la musique en une dizaine de minutes ! L’œuvre multiplie avec virtuosité les exercices de style pour évoquer une impressionnante galerie de compositeurs qui défilent l’un après l’autre dès que leur nom est entonné. La pièce finit par prendre un tour inattendu, les noms s’enchaînant comme si la chronologie se déréglait. Drayton multiplie alors les clins d’œil et autres jeux de mots : une blue note vient colorer le nom de George Gershwin, un Heldentenor fait irruption pour évoquer Richard Wagner, la section consacrée William Byrd débouche sur John Cage (« bird cage » signifiant en anglais « cage à oiseaux »…). Dans ce véritable Où est Charlie ? musical, l’auditeur ne peut pas tout saisir mais l’œuvre n’en est pas moins réjouissante !

Auparavant, le programme aura montré le talent avec lequel The King’s Singers sont capables de voyager (sérieusement) dans l’histoire de la musique, en se concentrant outre-Manche : de courtes pièces de Thomas Tallis et William Byrd montrent ce que la musique chorale britannique doit à l’Église, que celle-ci soit catholique (Vigilate) ou anglicane (God grant with grace ; Praise the Lord, all ye gentiles). La pièce The Wishing Tree crée également un pont à travers les âges : composée pour le Jubilé d’or d’Elizabeth II, l’œuvre de Joby Talbot fait allusion dans son écriture au madrigal du XVIe siècle afin de rappeler le règne d’Elizabeth Ire.

Aux harmonies divines ou royales répondent les chants du peuple : une série de folksongs emblématiques immortalisent l’amour de la terre (Loch Lomond) et le dur labeur de la vie quotidienne, allégé par un brin d’humour (le village de pêcheurs dans Dance to thy daddy, les tintements de la forge dans Migildi magildi). Ces chants seraient peut-être tous tombés dans l’oubli sans les travaux de collecteurs et de compositeurs. Ralph Vaughan Williams fut de ceux-ci. Son Bushes and briars date du 4 décembre 1903 : au lendemain d’une conférence sur les folksongs qu’il avait donnée dans l’Essex, le compositeur rencontra un berger qui lui chanta cette mélodie sans plus de cérémonie. Cinq ans plus tard, Vaughan Williams l’arrangeait pour ensemble vocal.

 

The King’s Singers poursuivent cette tradition séculaire, commandant des transcriptions aux meilleurs compositeurs de leur temps afin d’immortaliser toujours plus de folksongs. Ainsi demandèrent-ils en 2019 à James MacMillan d’arranger pour leurs six voix la chanson écossaise O, chì mì na mòrbheanna, ce que le compositeur fit en prenant le parti de la sobriété et de la clarté du texte gaélique. Le programme de ce soir présente aussi de pures créations commandées par le groupe britannique. Even such is time fut ainsi écrit pour The King’s Singers par Bob Chilcott en 1993. Troisième chanson de cette série de quatre dissertant sur le temps qui passe, Days apporte ses rythmes balancés et ses attaques décalées qui semblent interroger le cours des jours. Composé en 1972 pour The King’s Singers, Time Piece de Paul Patterson explorait déjà cette thématique avec un humour dévastateur : l’œuvre revisite le Livre de la Genèse en imaginant un Adam muni d’une montre à bracelet dont il vante à Ève les multiples propriétés ! Mais le tempo des horloges se détraque bientôt… Seule une intervention divine permettra de ramener la sérénité dans le jardin d’Éden.

Tristan Labouret

 

Avec la ville de Saint-Gilles

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