Last Night
Benjamin Grosvenor piano
Scottish Chamber Orchestra
Maxim Emelyanychev direction
- Montpellier
- - Hérault (34)
Le Corum
Opéra Berlioz
Esplanade Charles de Gaulle
Tarif Réduit :
- demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap.
Gratuit :
- de 30 ans
JAMES MACMILLAN né en 1959
Eleven — 5’
Création française
LUDWIG VAN BEETHOVEN 1770–1827
Concerto pour piano et orchestre n°3 en ut mineur op. 37 — 39’
Allegro con brio
Largo
Rondo. Allegro
entracte
JOSEPH HAYDN 1732–1809
Symphonie n°104 en ré Majeur « Londres » — 30’
Adagio – Allegro
Andante
Menuetto
Allegro spirituoso
Benjamin Grosvenor piano
Scottish Chamber Orchestra
Maxim Emelyanychev direction
Les classiques viennois déménagent outre-Manche ! Invité d’honneur du festival, le Scottish Chamber Orchestra donne la Symphonie no 104 « Londres » de Haydn et le Troisième Concerto de Beethoven, deuxième volet du diptyque mettant à l’honneur le piano de la pépite britannique Benjamin Grosvenor.
Père du style classique viennois, maître admiré par ses successeurs Mozart et Beethoven, Joseph Haydn fut adulé en Angleterre non sans raison : c’est pour la capitale britannique qu’il composa dans les années 1790 une impressionnante série de douze symphonies encore connues aujourd’hui sous le qualificatif « londoniennes ». Dans une Europe perturbée par les guerres, Haydn entreprend malgré tout deux voyages outre-Manche où il bénéficie d’un statut privilégié. Invité par le musicien et impresario Johann Peter Salomon à donner ses œuvres lors de nombreux concerts, présenté à la famille royale, Haydn offre en retour tout son savoir-faire et son inventivité dans son écriture orchestrale.
Comme les précédentes, la Symphonie no 104 suscite l’enthousiasme général à l’issue de sa première exécution le 4 mai 1795 : « Aucun mortel n’a encore rien produit de pareil », s’exclame le savant docteur Burney. Haydn sait-il déjà qu’il s’agira de la dernière symphonie de sa série londonienne ? C’est très possible ; l’introduction de l’œuvre a d’ailleurs une allure d’adieu solennel, avec sa tonalité sombre de ré mineur, sa marche majestueuse et ses motifs plaintifs. Le reste de la symphonie suit le moule classique en quatre mouvements : un Allegro équilibré en forme-sonate (exposition des thèmes, développement en péripéties, réexposition des thèmes) précède un mouvement lent, un menuet espiègle et un finale au refrain enlevé. L’œuvre ne manque cependant pas d’originalité : la proximité entre les motifs principaux des différents mouvements donne à la symphonie un sentiment d’unité rare pour l’époque ; quant aux détours aventureux de l’Andante, aux silences facétieux du menuet, au caractère folklorique du finale, ce sont autant de gestes typiquement haydniens.
Élève de Haydn entre les voyages de celui-ci en Angleterre, Beethoven reprend dans son écriture certaines particularités du maître : le travail sur des motifs brefs, le goût pour les accents sur les contretemps, le sens de la surprise dans le déroulement des épisodes… Il se démarque cependant bientôt en donnant à ses œuvres une ampleur, un souffle inédit. Composé peu après les symphonies londoniennes, entre 1800 et 1802, le Troisième Concerto pour piano montre cette évolution : construit sur un motif rudimentaire combinant arpège et gamme d’ut mineur, le premier mouvement connaît bientôt des développements formidables, Beethoven donnant à son motif principal mille et un visages, du mystère à l’héroïsme. Un second thème présente à l’inverse une tendresse constante, ce qui préfigure la dramaturgie du Coriolan que Beethoven composera quelques années plus tard : il est tentant d’entendre dans ce mouvement les tourments d’un héros qu’un personnage secondaire s’efforce d’apaiser. Il faut cependant attendre le deuxième mouvement pour entendre une véritable accalmie : écrit dans la tonalité lumineuse et inattendue de mi majeur, le Largo installe une atmosphère contemplative où le piano étire son discours, déployant élégamment ses ornements… tant et si bien qu’on en perdrait la notion du temps. L’ouvrage s’achève sur un rondo plein de panache ; Beethoven y manie un sens du suspense très haydnien avant une conclusion presto triomphale.
Le coup d’envoi de cette rencontre Beethoven-Haydn sera donné par James MacMillan : le compositeur et chef d’orchestre écossais a écrit pour l’inauguration d’un nouvel auditorium à Cumnock une courte pièce inspirée par son amour du football. Donnée ce soir en création française, Eleven est dédiée aux jeunes supporters des clubs de la région… Cet esprit ludique n’aurait pas déplu à Haydn et Beethoven !
Tristan Labouret
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